De nombreuses propositions du « jour d’après » font part de la nécessité de dé-densifier les villes pour repeupler certaines zones rurales. Pour combattre l’étalement urbain, la densification de la population, la pollution ou la concentration de l’économie, il est nécessaire de redonner du dynamisme à certaines zones rurales de France. Ces zones qui ont souffert de la désertification agricole (mécanisation), de l’économie autre que tertiaire et qui sont parfois délaissées par les pouvoirs publics sont, paradoxalement de vraies creusets pour la transition écologique et économique et de nouveaux modèles de pensées, parfois appuyés sur les anciens.
C’est en particulier dans ces zones qu’il est possible de réfléchir, en amont à des modèles d’éco-habitations, de consommation énergétiques EnR et de modes de productions alimentaires vertueux afin de faire infléchir l’économie traditionnelle. Dans les grandes métropoles ou agglomérations, l’urbanisation et l’inertie des modèles posent un frein à la sobriété et aux modèles vertueux ; l’histoire nous apprend qu’il est plus facile de penser un nouveau modèle que de remodeler l’ancien. Eco-constructions ; énergie solaire ; éolien (là où la population les accepte…) ; bio-méthanisation ; agriculture bio ou raisonnée ; permaculture ; circuits courts ; éco-tourisme… les solutions sont là. Mais, en plus du parcours du combattant parfois imposé par la réglementation pour mettre en place des projets novateurs aménageant le territoire, les résidents de ces zones, parfois se montrent eux mêmes réticents à la « nouveauté ». Le syndrome « NIMBY » (not in my back yard) est assez répandu, malgré une vraie volonté « green », depuis quelques années des maires et des collectivités publiques. Eolien en premier, certains citoyens voient dans l’arrivée d’une nouvelle économie, aussi vertueuse soit elle une menace pour la préservation de l’environnement et de leurs habitudes de vie. Pourtant, ces mêmes citoyens font également leurs courses dans leur Intermarché local, comptent souvent sur un tourisme au modèle dépassé pour créer des emplois et des richesses en saison estivale et puisent leur électricité de la centrale nucléaire située à plusieurs centaines de km de chez eux…
Pour débattre et, à fortiori lever certains préjugés, il serait urgent de mettre en place des « Maisons de la transition » (comme il existe des Maisons des avocats ; Maisons de la Culture ; Maisons des associations…) dans de nombreuses communes de France afin d’organiser des échanges et des débats avec des professionnels de la transition (chef d’entreprise green et blue tech ; écologues ; ONF ; Parcs ; OT ; collectivités…). Peu couteuses (salles associatives, municipales, commerces de boissons ou restaurations…) ces Maisons de la transition ne nécessitent pas de budgets conséquents pour y organiser des débats, des conférences et recevoir du public sur demande, comme les CCAS le font actuellement. Elle serviront à infléchir ou éliminer les doutes et les peurs en apportant des réponses à celles et ceux qui se pensent « laissés sur le bord de la route » (cf : gilets jaunes).
Des doutes qui subsistent quelquefois sur la mise en place d’une centrale solaire, d’un site de bio-méthanisation ou d’une UTN. Dans le même temps, l’extension d’une zone commerciale ou d’un parking de supermarché semble lever moins d’oppositions dans cette économie traditionnelle que nous avons pris pour acquise et donc, indispensable. C’est là qu’il faut changer de paradigme en opérant le développement d’une économie vertueuse créatrice de richesses et d’emplois pérennes, couplée à la promesse d’un avenir décarbonné et durable. Nous pouvons, à la sortie de cette crise inventer et promouvoir une économie bas carbone, ralentir les effets du changement climatique et créer des richesses dans une philosophie qui inclue un fort volet RSE dès le départ. Pour que cela se fasse rapidement, il faut nécessairement un fort soutien des pouvoirs publics, et plus particulièrement dans les zones rurales.